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Mais qui veut la peau de Christian Charpy ?

ACTE I

Le 19 mai dernier, le président de Pôle emploi, Dominique-Jean Chertier, critiquait à mots couverts les conditions de la fusion de l'ANPE et des Assedic. Alain Lecanu, le représentant de la CGC, qui préside son comité d'évaluation, tire, lui, à boulets rouges contre Christian Charpy. Si tout le monde ne demande pas comme lui, ouvertement, le départ du directeur général, les partenaires sociaux sont nombreux à réclamer un changement de gouvernance et à estimer ne pas être assez écoutés.   

Quel bilan tirez-vous de la fusion entre l'ANPE et les Assedic, six mois après la création de Pôle emploi ?

Je constate que deux Pôle emploi coexistent. Présidant le comité d'évaluation de Pôle emploi, j'ai entamé un tour de France il y a quelques semaines. J'ai déjà visité cinq régions. Sur le terrain, j'ai trouvé des gens évidemment bousculés par la conjoncture, que n'arrangent pas l'arrivée du RSA et la perspective de l'inscription au chômage des jeunes arrivés en fin de scolarité en septembre-octobre. Malgré cela, je les ai trouvés très courageux et très motivés. Ils adhèrent au projet de fusion pour améliorer le service aux demandeurs d'emploi. Mais Pôle emploi a aussi un autre visage, celui d'une "hypercentralisation" des décisions au niveau du siège.

Pour réaliser une fusion de cette ampleur, n'est-il pas indispensable d'avoir une direction générale assez forte pour imposer le changement ?

La réalité, c'est que le directeur général fonctionne en cercle fermé avec quelques proches. Les directions régionales n'ont pas de marge de manoeuvre. Les ex-Assedic sont mis sur la touche. Je vous donne un exemple : est-il normal que Christian Charpy vienne de confirmer discrètement l'ancien responsable des ressources humaines de l'ANPE, censé faire l'intérim, au poste de DRH de Pôle emploi, alors qu'il avait affirmé au conseil d'administration qu'il allait recruter quelqu'un à l'extérieur pour remplacer Jean-Louis Sciberras, dont j'aimerais bien connaître les vraies raisons du départ ? Ce n'est pas la première fois que le directeur général met ainsi le conseil d'administration de Pôle emploi devant le fait accompli. Et il ne se cache même plus de prendre ses ordres directement auprès du gouvernement. Il est grand temps de donner un second souffle à la fusion et de changer de directeur général. Il nous faut à la tête du service public de l'emploi un vrai patron qui vienne du privé car Pôle emploi n'est pas une administration comme l'était l'ANPE mais une entreprise.

Vos propos sont particulièrement virulents. On n'a pourtant pas entendu le conseil d'administration se plaindre jusqu'à présent...

Nous considérions, moi le premier, qu'il fallait prendre du recul. Mais six mois après la fusion, ce que je constate me conduit à tirer la sonnette d'alarme. Si ce n'est tous, en tout cas la plupart des partenaires sociaux partagent mon constat.

De toute façon, vous étiez déjà hostile à la nomination de Christian Charpy à la direction de Pôle emploi...

Je voudrais vous rappeler que c'était pour moi une question de principe : je pensais et continue à penser qu'il n'était pas bon de nommer à la direction général un ex-ANPE. Cela aurait été pareil s'il s'était agi d'un ex-Unedic. Et six mois après la création de Pôle emploi, le système a déjà montré ses limites.

PROPOS RECUEILLIS PAR LEÏLA DE COMARMOND, Les Echos

 

ACTE II : Réponse de Christian CHARPY

Le même jour, M. Charpy a dû faire face à une attaque du vice-président de Pôle emploi, représentant de la CFE-CGC, Alain Lecanu qui a réclamé sa tête dans Les Echos : "Il est grand temps de donner un second souffle à la fusion et de changer de directeur général", déclare-t-il.

Que répondez-vous à la demande de démission et aux critiques, venant notamment des syndicats, sur vos méthodes de gestion et de direction ?

Je ne suis pas surpris par les propos de M. Lecanu, qui était contre mon arrivée à la tête de Pôle emploi. Mais je suis nommé par le Président de la République, sur proposition du conseil d'administration. Ce dernier n'est pas une chambre d'enregistrement, c'est lui qui prend les décisions sur le budget, les offres de service et les engagements.

Alors, que certains profitent d'un moment de difficulté forte pour tenter de fragiliser le directeur général, c'est possible. Ma préoccupation, c'est que nous offrions le meilleur service possible aux demandeurs d'emploi, dans un contexte particulièrement tendu, le plus grave depuis la fin de la guerre.

Quels sont les éléments qui vous font craindre la rentrée ?

Le recours massif au chômage partiel, qui a été utilisé dans tous les pays européens, a permis de retarder l'arrivée du chômage total. Mais, seule la reprise économique peut empêcher que l'activité partielle ne se transforme en chômage. Et, dans certaines entreprises, on arrive au bout des dispositifs existants, à l'épuisement des quotas de chômage partiel.

Il y a aussi la poursuite des licenciements économiques avec l'arrivée à maturation de nombreux plans sociaux. 650 à 700 000 jeunes sortent du système scolaire et vont arriver sur le marché du travail.

Enfin, nous enregistrons beaucoup moins d'offres d'emplois, de l'ordre de 25 % à 30 % en moins par rapport à l'an dernier. Les services de l'emploi, dans tous les pays européens, affrontent cette situation exceptionnelle.

Chaque mois, sur le territoire de l'Union européenne, il y a 500 000 personnes de plus au chômage. En France, Pôle emploi enregistre mensuellement entre 50 et 70 000 chômeurs supplémentaires, deux fois plus que lors des périodes de crise des années 1992-1993.

Comment allez-vous faire face à ces nouveaux défis ?

Nous avons pris trois décisions pour permettre de réorganiser nos services et que le plus grand nombre d'agents soient disponibles pour les missions prioritaires de Pôle emploi : inscrire les chômeurs, les indemniser et les accompagner vers l'emploi.

En plus des 1 840 embauches en cours qui devraient arriver dans les agences à partir de juin jusqu'à septembre, pour lesquelles nous avons reçu 145 000 candidatures, Pôle emploi va recruter 500 personnes. Elles seront en contrat à durée déterminée, pour la fin de l'été et l'automne, et seront affectées à de nouvelles plate-formes téléphoniques qui centraliseront, au niveau régional, les inscriptions, les demandes et changements de rendez-vous.

Cela permettra de dégager du temps dans les agences pour l'indemnisation et l'accompagnement.

Et si cela ne suffisait pas ?

Si cela n'était pas suffisant, le conseil d'administration décidera, en lien avec le ministère de l'emploi, soit de procéder à des recrutements supplémentaires, soit de décider de nouvelles priorités pour l'organisation de nos services en 2010.

Pour dégager des personnels supplémentaires, dès maintenant, nous allons confier plus de missions aux prestataires externes. Dès le mois de septembre, j'entends que l'ensemble des ateliers, des activités de bilan et d'évaluation, jusqu'ici réalisés par Pôle emploi, soient confiés à des prestataires externes.

Cela nous coûtera 483 millions d'euros. Nous allons aussi rendre public prochainement les résultats de l'appel d'offres pour l'accompagnement de 100 000 demandeurs d'emploi. Le marché sera attribué cet été et je souhaite que dès septembre, les conseillers de Pôle emploi utilisent pleinement le dispositif.

Enfin, Pôle emploi va lancer, le 15 juin, des appels d'offres régionaux pour sélectionner les organismes qui formeront quelque 100 000 chômeurs cette année (120 à 150 000 en 2010). Le budget est de 350­ millions d'euros, auxquels s'ajouteront 200­ millions de la formation professionnelle.

Ces actions de formation débuteront à partir de septembre et permettront de prendre en charge les 50 000 jeunes que le gouvernement nous a demandé d'envoyer en formation.



10/06/2009

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